Les fleurs d’hiver d’Angélique Villeneuve

Les fleurs d'hiverIl va bientôt être difficile de faire dans l’original en matière de romans sur la Première Guerre mondiale. L’originalité n’est d’ailleurs pas un critère déterminant : une même histoire peut être racontée des milliers de fois, pourvu qu’elle le soit bien. Et avec Les fleurs d’hiver, Angélique Villeneuve touche au sujet d’un point de vue à la fois féminin et social qui lui donne tout son intérêt.

Jeanne est une femme à la fois souffrante et courageuse : elle a perdu son premier enfant en bas âge puis vu son mari tant aimé partir à la guerre. Ils se sont d’abord beaucoup écrit, pratique nouvelle, puis Toussaint a été blessé et lui a demandé de ne pas venir le voir. Elle a obéi, malgré toute son envie. Et parce qu’elle est aussi une femme forte, elle ne se plaint pas, travaille plus qu’il ne faut à confectionner des fleurs pour la faire vivre elle et Léonie, que Toussaint a à peine connue. Et voilà qu’un jour d’octobre 1918, alors que le pays bruisse des rumeurs de l’armistice, Toussaint revient.

Il a posé un tissu sur son visage ravagé. Il ne veut pas qu’on le voie. Il ne parle plus. Jeanne et Léonie sont pourtant bien vivantes et elles ont besoin de lui. Mais elles n’ont qu’elles et rien d’autre car le Paris ouvrier croule sous la misère. Petit à petit, elles vont ramener à la vie cet homme qui est revenu de la guerre blessé et choqué.

C’est bien de Jeanne dont il est question dans Les fleurs d’hiver, et non directement de la gueule cassée. Elle est la femme qui travaille, qui souffre dans son corps des rigueurs du froid et de la guerre, la femme qui désire, aime et cherche à comprendre ce que son mari est devenu. Elle doit seule affronter le silence du blessé et les discours officiels qui glorifient les héros. Mais qui sont ces héros ?

Angélique Villeneuve aborde ces différents sujets avec beaucoup de sensibilité et une émotion toute féminine. Si je suis réceptive au sujet et aux émotions qui traversent le roman, je le suis beaucoup moins au style très recherché, d’aucuns diraient poétique, moi maniéré. Des phrases comme « Ils se sont donné leurs blessures »  m’insupportent.

Il n’en reste pas moins que Les fleurs d’hiver est un beau roman sur le retour du soldat et la place des femmes dans la société française en guerre.

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Les fleurs d’hiver

Angélique Villeneuve
Phébus, 2014
ISBN : 978-2-7529-0998-5 – 149 pages – 15 €

18 commentaires sur “Les fleurs d’hiver d’Angélique Villeneuve

  1. Je n’aime pas les romans qui parlent de ce sujet, mais j’ai très envie de lire cette histoire. Je note. Cette couverture est belle.

  2. Le point de vue de celui-ci me tente… mais pas tout de suite, je sors de la première guerre mondiale (avec un avis demain sur un roman que je n’ai pas vu chez toi, je crois).

  3. Mince, comme toi, je n’aime pas ce genre de style. Pourtant, les lectrices avaient réussi à me tenter mais je sais que je vais être gênée par ces phrases. J’en parle d’ailleurs au sujet de « Réparer les vivants ».

    1. Eh oui voilà, avec un style particulier comme celui-là, ou ça passe ou ça casse comme on dit familièrement. Il vaut quand même la peine d’en lire au moins quelques pages pour te faire une idée : peut-être que la narration et cette femme te plairont au point de passer outre, ou peut-être le style te plaira-t-il…

  4. Bel échange avec l’auteur! Je trouve d’ailleurs que les auteurs interviennent sur les blogs, ils ont des alertes ou quoi? (mon billet sur Buvard m’a valu des échanges entre un commentateur et l’auteur, et pas moins de trois Anonymes – laissant leur nom en fin de commentaire)
    Tu as eu aussi récemment un auteur sur ton autre blog.

    1. Les auteurs qui interviennent en commentaires sont ceux qui j’appelle « les pacifistes ». « Les belliqueux » utilisent les messages privés pour incendier, reprocher et vouer aux flammes de l’enfer le malheureux blogueur qui bien sûr n’a rien compris à son chef d’oeuvre et ferait bien d’arrêter de lire…
      Dans mes billets, j’exprime un avis qui n’est que le mien et j’essaie de l’expliciter car je pense aux auteurs qui lisent les avis de leurs lecteurs sur internet (oui, je pense aussi qu’ils ont des alertes, c’est bien normal). J’ai tout aimé dans ce roman d’Angélique Villeneuve, ce qui tient du style est vraiment tout à fait personnel, du ressenti, et je comprends même très bien que ce style d’écriture plaise.

      1. Comme quoi il vaut mieux expliquer tranquillement ce qui nous a éventuellement déplu (chacun ses goûts ou ses attentes). Il arrive qu’un auteur intervienne pour éclaircir un point sur lequel le lecteur s’interrogeait et ça c’est intéressant.

  5. Je partage ton avis enthousiaste mais ne ressens pas ce côté « maniéré » que tu regrettes. J’ai beaucoup aimé cette plume et cette façon bien à elle d’offrir un autre regard sur la guerre tant racontée en littérature…

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