Silo origines, c’est un peu tout-ce-que-vous-avez-voulu-savoir-sur-Silo, ou presque… Alors à toi lecteur qui malgré les recommandations nombreuses des amateurs n’as pas encore lu le premier roman de Hugh Howey, il t’est conseillé de le faire séance tenante (très bon thriller de vacances), et de ne surtout pas chercher à connaître les secrets que dévoile ce second tome, qui chronologiquement se situe avant.
Car Silo origines a pour ambition d’expliquer comment l’humanité est arrivée à vivre dans des silos. Ce qui d’une certaine façon, nuit à la tension dramatique de cet opus que j’ai trouvé moins prenant que le précédent. L’exemple de Solo me semble le plus parlant : on sait ce qui va lui arriver puisqu’on l’a déjà rencontré, alors il m’a semblé un peu long de raconter les événements depuis son enfermement jusqu’à…
Le récit se fait d’abord double, le lecteur suivant Donald Keene en 2049, jeune député très naïf et obéissant, éperdu de reconnaissance envers le sénateur Thurman. Ce dernier lui demande de retourner à ses premières amours étudiantes en dessinant les plans d’une gigantesque tour destinée à être enterrée. En effet, sur un site qui réceptionnera sous peu les déchets nucléaires du monde entier, il faut prévoir une solution de repli pour les ouvriers en cas d’accident… En 2110, Troy se réveille après avoir été cryogénisé. Il doit accomplir un certain nombre de taches pendant sa faction, avant d’être à nouveau endormi. Une de ses responsabilités est de signer la mise à mort des habitants de tout un silo. Il ne devrait pas avoir de regrets, ni de souvenirs, car il est bel et bien drogué. Mais des images affluent et avec elles, les interrogations.
On suit également le récit d’un certain nombre d’habitants des silos, ce qui nous ramène au tome précédent, sans cependant toute son intensité. Hugh Howey a eu à mon avis le tort de construire ce second tome autour d’un personnage bien trop naïf : jamais il n’envisage l’ampleur de ce qu’il accomplit, alors que le lecteur sait à quoi aboutiront travaux et recherches. Ce décalage affaiblit l’intensité de la narration. De même que les incessants changements d’époques d’un chapitre à l’autre qui ralentissent trop souvent le récit sans aiguiser le suspens.
Il reste cependant un grand nombre de questions sans réponse, puisqu’il reste un troisième tome à cette saga. Qui sortira des silos ? Dans quel état ? Comment s’organiseront les survivants ? Y en a-t-il d’autres ailleurs ? Saura-t-on enfin la véritable raison d’être de ces silos ?
Hugh Howey sur Tête de lecture
Silo origines (Shift, 2013), Hugh Howey traduit de l’anglais (américain) par Laure Manceau, Actes Sud (Exofictions), mai 2014, 564 pages, 23.50€