Tout commence par une mère qui cherche à sauver son enfant : Misha sait son fils condamné par une maladie génétique rare, à moins de… A moins de retrouver son père à elle, disparu sans laisser de traces depuis vingt-deux ans. Il est parti sans rien dire au plus fort de la grève des mineurs de 1984 en Ecosse, abandonnant femme et bébé pour rejoindre les « jaunes », les briseurs de grève. Il a parfois envoyé de l’argent en liquide à sa femme, qui n’a jamais voulu en profiter, mais rien d’autre. Misha n’a donc pas grand espoir quand s’ouvre pour elle le bureau des affaires non classées, dirigé par Karen Pirie.
Mais Karen Pirie est justement sollicitée par une autre affaire non classée, et de taille celle-là : en janvier 1985, la fille (Catriona) et le petit-fils nouveau-né (Adam) de Brodie Maclennan Grant, entrepreneur et homme d’affaires richissime, ont été enlevés. La remise de rançon s’est terminée par la mort de Catriona et la disparition définitive du petit Adam. Mais voilà qu’une journaliste britannique en vacances en Toscane, Bel Richmond, vient de découvrir un élément qui décide de la réouverture de l’enquête : des affiches très particulières et en tout point semblables à celles que les ravisseurs utilisaient pour communiquer avec la famille Grant. L’influent homme d’affaires exige que l’inspecteur-chef Pirie s’occupe de l’enquête. Mal lui en prend…
Car Karen Pirie est du genre têtu et jusqu’au bout elle va faire en sorte de faire la lumière sur cette histoire et sur la disparition du mineur Mick Prentice. Ces deux intrigues vont bien sûr se rejoindre, plus rapidement pour le lecteur que pour l’enquêtrice car on suit aussi les recherches de Bel Richmond, engagée par Brodie Grant pour enquêter en Italie. On comprend donc à la moitié du roman le lien entre les deux histoires et même un peu plus. On s’interroge dès lors sur ce qui reste à lire. Mais Val McDermid entretient son suspens avec efficacité autour d’autres ressorts que les simples faits.
Deux points forts soutiennent Sans laisser de traces : les personnages, tous imprévisibles et très humains, et le thème de la filiation. Jusqu’où vont-ils aller pour protéger leur enfant ? La famille est-elle un motif assez puissant pour tout justifier ? On les suit tous, les salauds comme les autres, d’Ecosse en Toscane. Autre grand intérêt du roman : les mineurs écossais durant les années Thatcher, leur lutte, leurs terribles conditions de vie ; ce que c’est pour une femme d’être abandonnée par un mari briseur de grève.
Et pour totalement captiver son lecteur, Val McDermid use d’un procédé peu employé mais efficace : les flash-back ne sont pas racontés par les personnages qui en furent les protagonistes mais directement mis en scène d’un point de vue omniscient, ce qui donne bien plus de vie et de dynamisme aux événements. C’est qu’aux affaires non classées, le passé n’est pas une anecdote et la mémoire est primordiale. Mémoire familiale et surtout mémoire sociale dont Val McDermid se fait le reflet dans ce roman à l’intrigue très intelligemment construite.
Sans laisser de traces
Val McDermid traduite de l’anglais par Matthieu Farcot
J’ai Lu, 2012
978-2-290-03647-1 – 574 pages – 8 €
A Darker Domain, parution en Grande-Bretagne : 2008
Un auteur qui a de l’expérience, j’en ai lu, mais le dernier donnait des détails tellement insupportables que je crains de recommencer.
C’est ce que j’avais lu à propos de certains de ses livres et comme je ne supporte pas ce genre de scènes insupportables dans les romans, j’ai bien veillé à en choisir un dont je pourrais lire toutes les pages !
J’ai suivi ses débuts mais j’ai arrêté, un peu refroidie (c’est le cas de le dire) par la violence de certains et par la taille des romans. Mais elle sait ménager ses effets, c’est sûr !
Je n’en suis pas certaine mais je crois que c’est plutôt le cas pour sa série mettant en scène Tony Hill et Carol Jordan… En tout dans ce roman-ci, absolument rien de violent.
Pourquoi pas ? Je le note au cas où.
Celui-ci est très ancré dans l’histoire sociale écossaise, c’est ce qui m’a plu.
Je note, il a l’air bien fichu et comme tu dis qu’il est très supportable ..
J’ai eu une grosse peur quand à la moitié du roman, j’ai compris le lien entre les deux histoires (je suis assez peu perspicace d’habitude…), mais il y a bien sûr d’autres ressorts à cette histoire très bien construite.
j’avais lu et bien aimé Le chant des sirènes. Mais je ne peux pas dire avoir été particulièrement emballée. Mais ton billet est suffisamment élogieux pour me donner envie de lire (ou du moins de noter) celui-ci!
Je t’assure que celui-ci est vraiment intéressant, tant pour cet épisode de l’histoire écossaise que pour l’intrigue très bien construire.
Voilà un polar qui me plairait.
Oui, je pense aussi.
En effet comme d’autres j’en avais lu un qui m’avait beaucoup plu (« Au lieu d’exécution »), mais d’autres très trash et sordides m’avaient détournée de l’auteur… Je pourrais renouer avec ce titre il me semble !
Rien de trash et sordide ici, je te conseille ce roman.
Pas encore lu cette auteure dont La Fureur dans le sang est dans ma PAL !
J’espère que la découverte sera aussi agréable pour toi qu’elle l’a été pour moi.
Bonjour Sandrine, comme je n’ai jamais lu de Val McDermid, pourquoi pas commencer par celui-ci après avoir lu ton billet. Bonne journée.
Un bon début en effet, qui donne envie d’y retourner.
J’ai lu deux polars de cette auteure et j’ai vraiment apprécié surtout « quatre garçons dans la nuit ». Je note celui-ci !
Eh bien moi je note celui que tu recommandes : merci beaucoup.
J’ai lu un roman de cette auteur en anglais mais n’avais été que moyennement convaincue…
Je pense qu’ils ne se ressemblent pas tous, à retenter peut-être…
Voilà qui devrait me plaire. J’ai déjà un titre de cette romncière dans ma PAL : Noirs tatouages (ou quelque chose dans le genre)
Il se peut que celui-ci soit plus sanglant…
Très tentant ! Je l’ajoute à ma LAL.