Le Danemark, c’est aussi le Groenland, une île qui pour être inhospitalière n’en est pas moins peuplée, entre autres, de quelques intrépides chasseurs danois. Jorn Riel les a connus, a vécu avec eux et décidé de raconter leur vie hors du commun à travers quelques savoureux racontars. Si Le voyage à Nanga est sous-titré « un racontar exceptionnellement long », il s’agit quand même de plusieurs histoires ayant chacune quelques points communs.
On découvre des couples de chasseurs (les mêmes que ceux évoqués dans les recueils de nouvelles précédents), qui vivent à plusieurs de dizaines de kilomètres les uns des autres. Et comme des couples traditionnels, le quotidien et les petites manies de chacun finissent par agacer, la solitude pèse parfois au point d’en perdre un peu la tête. Surtout cette année-là…
Voilà que le bateau de ravitaillement ramène Halvor à Kap Thompson, après un séjour en institution psychiatrique. Les chasseurs ne sont pas prêts de l’oublier celui-là : il a quand même mangé Vieux Niels, son compère, le prenant pour son cochon. Mais tout ça, c’est du passé car Halvor est désormais séminariste. S’il revient sur l’île, c’est qu’il a oublié quelque chose. Mais quoi ?
Parmi les couples, il y a Mads Madsen et William le Noir. Celui-là est tout content que le bateau lui ramène la superbe pipe qu’il attendait depuis si longtemps, taillée dans une racine de bruyère. Cette pipe et les jumelles qu’il est le seul à posséder font son bonheur. Un bonheur égoïste car il ne veut en aucun cas prêter ses jumelles à William, qui l’implore pourtant aimablement et finit par faire une fixation dessus. Heureusement, le jour de la vengeance est proche : la pipe de Mads Madsen, fumeur depuis trente ans, tombe dans une crevasse. Il lui reste les jumelles, mais c’est William qui a une pipe et tout à coup plus aucun besoin d’y voir loin puisqu’il fait désormais nuit toute la journée…
Autre couple : Mortensen le télégraphiste et Doc, celui qui depuis trois ans pédale pour fournir de l’électricité au télégraphe (et aussi permettre à son équipier de jouer aux échecs avec un Africain). Mais voilà que celui-ci déclare sans préambule vouloir prendre une semaine de vacances : plus de télégraphe, plus d’électricité.
Mais il peut y avoir plus problématique : voilà le jeune Hansen souffrant d’une érection chronique. Ses camarades lui conseillent bien sûr de s’en occuper lui-même mais l’onanisme, c’est péché déclare-t-il… Il va falloir trouver une solution et bien sûr au Groenland les femmes, c’est ce qui manque…
Mais voilà justement qu’il en tombe une du ciel !
Des histoires drôles et mélancoliques, où les amis se prennent en grippe, se battent, se réconcilient. Ils doivent faire avec une nature plus qu’hostile, survivre dans des conditions extrêmes qui permettent de mesurer le poids de l’entraide et de l’amitié. Malgré tout, ils n’ont pas envie de partir, de quitter le nord-est du Groenland, le Pays des Hommes. Peut-être parce qu’ils sont en prise avec l’essentiel de l’homme et du monde.
Le voyage à Nanga. Un racontar exceptionnellement long
Jorn Riel traduit du danois par Suzanne Juul et Bernard Saint Bonnet
Gaïa, 1997
ISBN : 2-910030-36-9 – 263 pages
Rejsen til Nanga, en usoedvanlig lang skone, parution au Danemark : 1981
Hello Sandrine, dans un tout autre style que les racontars de Jorn Riel je te rejoins aujourd’hui avec Les complémentaires
http://lettresexpres.wordpress.com/2014/11/05/jens-christian-grondahl-les-complementaires/
Merci pour ta participation !
J’adore le titre, alors je note
Une raison comme un autre de choisir un livre 🙂
J’aime beaucoup Jorn Riel, mais je suis passée à côté de celui-là, ben enfin Laure …
d’où l’intérêt de fréquenter les blogs… 😉
j’adore cet auteur , je vais sûrement lire ce nouveau racontar
Pour ma part, il y avait bien trop longtemps que je ne l’avais pas lu, je n’ose même pas me rappeler combien exactement…
j’ai lu un ou deux volumes de racontars (la vierge froide je crois et un autre) mais je n’accroche pas… c’est bien dommage parce que le cadre m’attire beaucoup 🙂
Ça ne m’étonne quand même pas que l’humour de vieux chasseurs groenlandais ne fonctionne pas avec tout le monde 🙂
Cet auteur fait partie des habitués de St Malo pour Etonnants voyageurs. J’avais acheté un de ses livres là-bas, je n’ai pas du tout accroché 😦
Ah, ça m’est arrivé souvent aussi : être très intéressée par des auteurs, par ce qu’ils disent, et puis au final, ne pas accrocher à leurs livres…
Il faudrait que je me replonge dans cette série des racontars ! J’avais beaucoup aimé La vierge froide, et j’en ai lu un ou deux autres, très plaisants et divertissants.
Je crois que c’est justement dans La vierge froide qu’il est question d’Halvor qui mange son équipier… eh bien il revient !