Dans les romans de zombies, il est souvent question de ces créatures pas bien mortes qui marchent lentement mais avec détermination vers leur proie bien vivantes mais épuisables. Et puis c’est tout. Il y a de ça dans Zombie Ball et donc du carnage de morts-vivants, ici à la batte de baseball comme l’indique le titre. Pas vraiment ma came mais je ne doute pas que le massacre de zombies soit un sport prisé par des générations plus jeune que la mienne (de plus vieilles aussi, chacun son sport…).
Au-delà donc de l’écrabouillage de zombies, ce roman de Paolo Bacigalupi s’intéresse à l’industrie agro-alimentaire, au sort des animaux destinés à la consommation, bref, à la mal bouffe. Et donc, même si certaines scènes de Zombie Ball sont d’assez mauvais goût, elles ouvrent sur une réflexion intéressante sur la responsabilité de chacun face à ce qu’il mange. S’il faut en passer par les zombies, allons-y !
Rabi et ses camarades vont découvrir que l’usine qui fournit la région en viande bovine se livre à des activités plus que suspectes. Il faut dire que la puanteur que dégage l’abattoir est insupportable. Personne ne s’en soucie vraiment longtemps, car chez les Viandes Milrow, on sait efficacement gérer les crises : quand on emploie essentiellement des immigrés en situation clandestine et que l’un d’eux la ramène, on lui envoie l’Immigration. Et quand ça ne suffit pas, on sort les avocats bardés de diplômes qui intimident et corrompent. Alors ça n’est pas un trio de jeunes qui prétendent avoir vu une vache zombie qui va outre mesure inquiéter Milrow.
Nous sommes responsables de ce que nous mettons dans notre assiette nous dit Paolo Bacigalupi, car nous sommes toujours libres d’accepter ou non de faire partie de ce cycle alimentaire-là, fait d’hormones, d’antibiotiques et de mort. Tout comme on peut faire le choix de se révolter.
Il y a toujours quelqu’un comme Sammy pour penser qu’on lui est inférieur. Si ce n’est pas lui, c’est son père, l’avocat de Milrow ou un contremaître à l’usine qui dit aux ouvriers de fermer leur gueule, de continuer à bosser et d’être reconnaissants d’avoir un boulot. C’est toujours pareil. Ils nous laissent peut-être vivre, mais on peut pas se respecter. Baisser la tête n’apporte rien. Ça permet juste aux salauds de penser qu’ils peuvent t’écraser.
Ne pas hésitez donc à conseiller ce roman à tous les jeunes et intelligents amateurs d’humour trash zombie (et qu’ils n’hésitent pas à sauter l’incompréhensible premier chapitre !).
Zombie Ball (Zombie Baseball Beatdown, 2013), Paolo Bacigalupi traduit de l’anglais (américain) par Sara Doke, Au Diable Vauvert, septembre 2014, 313 pages, 15€