Un prologue d’à peine huit pages donne tout de suite le ton : à dix-neuf ans, Michael vit à Belfast, est au chômage et accepte de donner un coup de main pour remplacer des vitres qui ont volé en éclats au cours d’un attentat. Nous sommes en 1992. Manque de bol, un journaliste prend en photo ce brave gars, la publie et une bonne âme informe les services sociaux que Michael perçoit à tort les allocations puisqu’il a un travail dans le bâtiment.
On le retrouve quelque mois plus tard à New York : il fait désormais partie de la pègre irlandaise. Pas le grand banditisme, juste de la surveillance, de l’intimidation et deux trois raclées à distribuer aux mauvais payeurs. Lui qui lit des livres fait figure d’intellectuel et son passage un peu houleux par l’armée britannique lui vaut une expérience dont il tirera profit. Car s’il est apprécié de ses supérieurs pour son sens de l’initiative (quand il faut venger un ami, il n’hésite pas à employer la manière forte), il l’est aussi de la petite amie du boss, Bridget. La belle a le même âge qui lui et ils passent ensemble de sacrés bons moments, bien trop insouciants.
Michael et trois membres de son équipe sont bientôt envoyés au Mexique pour une affaire de drogue : du vite fait, leur dit-on. Sauf qu’ils sont arrêtés et emprisonnés dans des conditions abominables. Je vous laisse découvrir ce qui arrive à Andy, Fergal et Scotchy, sachez juste que Mike jure de se venger et qu’il le fera.
Du roman noir pur et dur, à l’irlandaise même s’il se déroule à New York et au Mexique. Comme souvent dans ce genre de roman, le héros narrateur tient une place capitale. Non dénué d’humour, celui-ci ne donne pas dans l’autodérision mais affiche une claire conscience du monde qui l’entoure. Clairvoyant donc, conscient de ses capacités. Et déterminé quand vient le moment de la vengeance.
La violence décrite est terrible, omniprésente, incontrôlable. Michael vit à Harlem et en ce début des années 90, le danger y est quotidien de perdre la vie pour une broutille. La vie à Belfast ne semble pas plus reluisante. Ces jeunes immigrés, sans papiers ni permis, ont en fait le choix entre la drogue, l’alcool ou le crime organisé ; la prostitution pour les femmes. Ils ne pourront cependant jamais avoir confiance en leurs camarades d’infortune, la loyauté allant avant tout au chef, à celui détenant le pouvoir.
Rien de bien réjouissant dans le contexte donc, mais un personnage et une intrigue solides. A l’automne je serai peut-être mort était le premier roman d’Adrian McKinty qui en a écrit depuis de nombreux autres, certains où l’on retrouve Michael Forsythe.
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A l’automne je serai peut-être mort
Adrian McKinty traduit de l’anglais par Isabelle Arteaga
Pygmalion, 2003
ISBN : 9782857048206 – 334 pages – 19,90 €
Dead I Well May Be, première parution : 2003
bon auteur, c’est sûr
Je le découvre avec ce titre. J’en lirai d’autres, notamment sa fameuse trilogie qui me tente. De son compatriote Stuart Neville que tu repartages aujourd’hui, j’ai noté et lirai Ratlines qui me tente encore plus.
Ce roman semble trop noir et dur pour ma petite sensibilité…
C’est un peu éprouvant, c’est vrai…
Ah ! les Irlandais ne sont pas des tendres quand il se mettent au polar. Pour le reste non plus, en fait, c’est toujours assez âpre; j’aime plutôt ça !
C’est un auteur à propos de qui je lis beaucoup de bien; mais la violence de ces romans me rebute – et pourtant, dieu sait que j’aime les auteurs irlandais.
Si c’était un film, je te proposerais bien de fermer les yeux mais…
je veux le lire et Neville au passage … je suis déçue par un autre auteur irlandais, j’espère ici que le style est à la hauteur (et j’aime les romans noirs)
J’ai trouvé le style percutant et efficace. Souvent, ce type de personnage donne dans l’autodérision, mais pas lui. Je ne saurais dire si la traduction est bonne ou non, en tout cas : aucun problème de lecture.
Ca me semble aussi trop violent pour moi… le titre présenté par Kathel serait plus dans mes cordes.
Je pense aussi qu’il est moins violent. Et qu’il me plaira…