Il s’appelle Icare et la courgette en question, c’est lui. Neuf ans et pas beaucoup de chance dans la vie puisque dès les premières pages, il tue sa mère. Accidentellement, certes, mais enfin, quoi de plus traumatisant… Courgette cependant n’en fait pas un drame. C’est qu’il est d’un naturel optimiste, presque un peu simplet, disons-le. Raymond le gentil gendarme le confie à une institution, Les Fontaines, où on prend en charge les enfants comme lui, qui n’ont plus de parents pour s’occuper d’eux.
Autobiographie d’une courgette, c’est donc l’année qu’Icare passe dans cette institution, racontée par lui-même. Les tableaux se succèdent : Courgette au ski, Courgette au cirque, Courgette à la mer, Courgette fête son anniversaire, Courgette tombe amoureux de Camille… Elle est arrivée peu après lui et les deux enfants sont si bien ensemble qu’ils ne se quittent plus. Camille, c’est son ange, celle qui fait palpiter son coeur un peu plus vite.
Les Fontaines, ça n’est pas les Thénardier. Le personnel est très attentionné, de la directrice au cuistot. A l’évidence, tous travaillent au bien-être et à l’équilibre psychologique des enfants dont certains ont vécu des événements tragiques. Les pensionnaires sont eux-mêmes très soudés malgré différences et rivalités. La vie de Courgette auprès de sa mère alcoolique était si morne et dépourvue d’amour qu’il se rend bientôt compte que cette institution est une chance pour lui, qu’il y vit beaucoup mieux. Amitié et bons soins aident ces enfants à se (re)construire, eux qui n’ont parfois jamais connu la moindre affection.
Autobiographie d’une courgette a tout d’un feel good book : bien que la situation de départ soit extrêmement dramatique, le héros s’en sortira en raison de sa force de caractère. Courgette est un petit personnage sincère dont la naïveté fait sourire. Il a par exemple l’habitude de prendre toutes les expressions figurées au sens propre, ce qui n’aide pas sa compréhension du monde déjà pas mal embrumée. Il ne mesure généralement pas la gravité de ce qu’il affronte. Gilles Paris dédramatise ainsi grâce à l’humour des traumatismes très graves (enfants battus ou abusés sexuellement) et permet au lecteur de comprendre ce que Courgette de comprend pas.
Courgette s’exprime à la première personne, renforçant le réalisme des situations et créant une proximité de sentiments avec le lecteur. Ce style enfantin engendre de nombreuses répétitions et des tournures grammaticales impropres qui finissent par lasser. On lit aussi quelques formules tout droit sorties de son « innocence » :
Il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que nous les enfants. C’est vrai qu’on est pas aussi sages que les images qui bougent jamais, mais bon, c’est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter les gens avec les bombes ou tirent avec des carabines, à part moi, mais c’était juste un révolver et j’ai pas fait exprès. Eux, les méchants, c’est toujours exprès, pour faire du mal aux gens et leur voler leurs économies et c’est pas bien.
Ce roman à la fois édifiant et attendrissant devrait donner un film du même genre, Ma vie de courgette, qui sort aujourd’hui. Tourné avec des marionnettes en stop motion, il pourrait esthétiquement valoir le déplacement.
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Autobiographie d’une courgette
Gilles Paris
J’ai Lu, 2003 (édition originale : Plon, 2002)
ISBN : 978-2-290-32434-9 – 254 pages – 5,60 €
J’avais plutôt apprécié cette lecture, j’aimerais bien voir l’adaptation.
Parfois, quand j’ai vraiment beaucoup aimé un livre, je préfère ne pas voir son adaptation…
C’est marrant, ce roman je l’ai lu ado mais je n’en ai aucun souvenir, à l’exception du titre et de la couverture, la même que la tienne d’ailleurs. Du coup, j’irais bien voir l’adaptation pour me remémorer l’histoire.
Le roman n’est pas mémorable mais il doit être possible de passer un bon moment avec le film 😉
Je ne l’ai pas lu, mais je pense aller voir le film assez vite.
J’espère que tu nous diras ce que tu en auras pensé !
Une lecture sympathique que j’avais bien aimé.
Lu il y a quelques année, j’avais été étonnée parce que le titre me faisait penser plutôt à une histoire drôle, ce qui n’est pas le cas.
J’ai vu la bande annonce, et le graphisme me plait beaucoup.
Oui, dès le titre, l’auteur dédramatise la situation. Et moi aussi, le graphisme me plaît 😉
Un bouquin qui m’avait touché, travaillant avec des enfants très ressemblants, le côté positif m’avait confirmé que l’on pouvait beaucoup pour eux…
J’imagine bien qu’un oeil professionnel y trouvera des aspects positifs qui m’ont échappé…
Il m’attend depuis un moment sur mes étagères… De cet auteur, j’avais adoré Au pays des kangourous…
Je ne me souvenais plus que l’auteur avait écrit d’autres titres. Pour ce qui est du film, je n’en lis que des éloges pour l’instant.
Un excellent livre de littérature jeunesse que je n’ai eu de cesse de conseiller à mes élèves lorsque je travaillais en collège… Mais il est bien aussi pour les grands 😉
Est-ce qu’ils l’appréciaient ?
Je n’ai pas eu de retours d’éventuelles lectures de l’œuvre entière. Mais je sais qu’ils écoutaient attentivement lorsque j’évoquais l’intrigue et qu’ils prenaient plaisir à écouter les lectures d’extraits à voix haute ! Le titre les faisait rire…
Bonsoir Sandrine, je confirme que le film vaut le déplacement mais je n’ai forcément envie de lire le livre. Bonne soirée.
Il y a beaucoup de retours positifs en effet. Mais aussi pas mal de films qui me font plus envie en ce moment…