Le village aux Huit Tombes est ce que j’appellerais un roman policier old school même s’il n’a rien de britannique. Sa parution au Japon date de 1959 et si son auteur y est encore admiré, il faut bien dire qu’on a beaucoup lu depuis et que tout ça semble bien fade et surtout un peu long.
Un prologue nous apprend l’origine du nom de ce village qui a été le théâtre de deux drames très sanglants. L’un au XVIe siècle quand huit samouraïs y furent massacrés, non sans avoir pris soin de cacher leur trésor. L’autre dans les années 1920, quand le chef de la maison Tajimi, pris de folie, a furieusement envoyé de vie à trépas trente-deux de ses semblables. Vingt-six ans plus tard, alors que Tatsuya y arrive pour la première fois, des crimes abominables ont lieu.
Tatsuya, narrateur du roman, se rend au village à l’appel de deux vieilles femmes soeurs jumelles : elles sont ses tantes puisqu’il est lui-même le descendant illégitime du fou furieux Tajimi, porté disparu depuis son forfait. Il se découvre une famille : deux tantes, une demi-soeur et un demi-frère, des cousins. Les vieilles dames souhaitent faire de lui leur héritier. Tout irait donc bien si les crimes ne se multipliaient, endeuillant la maison et désignant chaque fois un peu plus Tatsuya comme coupable.
Si Le village aux Huit Tombes débute sur un rythme enlevé, il faut bien dire qu’il se perd en route. L’accumulation de cadavres finit par lasser, tout comme le personnage du narrateur qui décidemment ne comprend vraiment rien à ce qui se passe. Non seulement il n’est pas bien malin, mais le style ne le sert pas. Les nombreux dialogues manquent de naturel et il apparait plus d’une fois comme une mauviette en raison des descriptions très caricaturales :
Je restai un moment bouche bée. De peur, mon coeur battait jusque dans ma gorge : j’avais beau essayer de parler, j’avais la langue paralysée, aucun mot ne sortait de ma bouche. J’avoue honteusement que mes genoux tremblaient et que tout mon corps se raidissait comme un fil de fer.
Il pleure et transpire aussi beaucoup.
A ce personnage fort peu intéressant, on ajoute une grotte, un trésor caché, des souterrains, des hasards incroyables et du rocambolesque en veux-tu en voilà… Il faut donc être un lecteur amateur de littérature japonaise pour pleinement apprécier ce roman dont les rebondissements présentés comme incroyables et inattendus sont tout à fait prévisibles.
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Le village aux Huit Tombes
Yokomizo Seishi traduit du japonais par René de Ceccaty et Ryôji Nakamura
Philippe Picquier, 1999
ISBN : 978-2-87730-459-7 – 372 pages – 9 €
Merci d’avoir testé pour nous… je ne connaissais pas, et je n’allonge pas ma liste à lire !
Il était sur mes étagères depuis quelques années… avec d’autres. Je lis encore un Picquier d’ici la fin du mois, en espérant une meilleure pioche…
Il m’arrive souvent de ressentir une certaine raideur dans ces romans japonais (pas tous, hein) , est-ce dû à la culture? à la traduction?
Là, je crois que c’est en raison de son ancienneté. On écrivait des romans policiers comme ça il y a 60 ans, mais aujourd’hui le genre a bien évolué. Tout ça est assez naïf et très caricatural alors qu’aujourd’hui, le roman policier et le polar sont orientés réalisme. Je crois en tout cas que c’est ce qui m’a gênée…
Je me posais exactement la même question que Keisha suite à ma seconde lecture chez Picquier ce mois-ci (et c’est un roman contemporain). J’en reparlerai quand j’aurai écrit mon billet.
je l’ai lu , je l’ai chroniqué même, je me suis pas mal ennuyée.
A moins peut-être de ne jamais avoir lu de romans policiers modernes, ou de ne pas les apprécier, je ne vois pas bien comment on pourrait ne pas s’ennuyer un peu à cette lecture…
c’est ça, mais en même temps c’est intéressant sur ce qu’était l’écriture du polar au Japon à cette époque. Nous on a eu Malet par exemple, un peu plus marrant, non ?
Oui, mais dans le cas de Léo Malet, c’est plus culturel : je crois que nous autres Orientaux passerions largement à côté d’un Léo Malet japonais faute des références nécessaires pour l’apprécier pleinement…
tu as raison
Inutile de te dire que je ne vais pas me précipiter ! Il y a sûrement mieux.
Oui. Quand on n’a pas beaucoup de repères dans la littérature d’un pays, voire d’un continent, comme moi, c’est souvent difficile de choisir. Pour Picquier, j’ai eu de la chance avec le Coréen, moins avec ce titre-ci et je viens d’en abandonner un autre (pas envie d’aller jusqu’au bout cette fois)…
Je l’ai lu il y a très longtemps (dans une période pré-blog) et je n’en ai aucun souvenir…
Je crois qu’il ne me marquera pas non plus…
Parfois les polars vieillissent mal, il faut bien le dire, et effectivement ce personnage ne semble guère intéressant
On a plus d’une fois envie de le secouer !!
Ca a l’air un peu daté, en effet.
Le genre a beaucoup évolué depuis 😉
ah dommage j’apprécie cet éditeur et je surveille ses parutions mais on ne peut pas gagner à tous les coups
Oh oui bien sûr : le catalogue est hautement recommandable !
Je passe…
Bonjour Sandrine, j’ai lu ce roman et en effet, pas terrible. D’ailleurs, je n’avait pas fait de billet à son sujet. Un peu vieillot. Bonne journée.