Où l’on retrouve l’inspecteur Jakub Mortka dit le Kub pour une troisième enquête (oui, j’ai raté la deuxième…). Le prologue très réussi de La Colombienne met en scène un groupe de jeunes Polonais recrutés pour faire un clip de pub pour Coca Cola : direction la Colombie. Le lecteur sait que c’est un piège, pas eux. Ils finissent par devoir servir de mules, mais l’une d’entre eux est moins docile que les autres.
Varsovie dix ans plus, et en été s’il vous plait : oui, il peut faire beau et chaud en Pologne ! Bon d’accord, on peut aussi trouver des cadavres éventrés suspendus à un pont, ce qui est nettement moins chaleureux. Mais le Kub enquête, cette histoire-là ne devrait pas trainer. Seulement voilà, son collègue Kochan n’est plus à ses côtés, on lui a collé une femme un peu spéciale comme collègue.
Une seconde enquête retient l’attention de l’inspecteur : une femme retrouvée « suicidée » dans sa baignoire, porte de l’appartement close de l’intérieur. Un scénario déjà vu, d’après les recherches de Mortka et donc certainement pas une coïncidence.
Wojciech Chmielarz confirme l’impression laissée par Pyromane : polar de bonne facture, traditionnel dans la veine des enquêteurs acariâtres, divorcés, en délicatesse avec leur hiérarchie en raison de leur esprit indocile. Du coup, qu’est-ce qui distingue un Jakub Mortka d’un Bernie Gunther, d’un Dave Robichaux, d’un Kurt Wallander et de tous les autres héros récurrents de polar social ? Tous nous étant donnés à lire en traduction, je ne me prononcerai pas sur la qualité de la langue (même si je trouve toujours qu’Erik Veaux, traducteur de Wojciech Chmielarz a parfois des problèmes avec la langue française). Si l’intrigue et la narration sont maîtrisées, elles ne sont clairement pas encore au niveau des auteurs précédemment cités. Idem pour la profondeur psychologique de l’inspecteur principal, qui s’est cependant épaissie depuis le premier tome mais reste globalement convenue.
Ce qui devrait faire la différence, c’est le contexte, la Pologne aujourd’hui. Or, conséquence de la mondialisation, Varsovie ressemble à toutes ces grandes villes modernes où sévissent le crime, la drogue et l’être humain en général. On sait ce qu’on va y trouver. Les thèmes eux-mêmes n’ont rien d’original, ils sont « tendances » : place professionnelle des femmes, homosexualité, femmes battues, élasticité de la morale policière. Comme ses confrères, Wojciech Chmielarz se montre ouvert et tolérant.
La Colombienne n’est pas un roman décevant mais un roman attendu : en cela il n’est pas surprenant. Sauf le dernier chapitre, très habile, qui remet bien des choses en cause et éclaire l’intrigue d’un jour nouveau. A lire donc pour les amateurs du genre qui ne seront pas déçus. Pour ma part, je continue à préférer la série de Zygmunt Miłoszewski, beaucoup plus dense et originale tant du point de vue des intrigues que de la psychologie de l’enquêteur principal.
Wojciech Chmielarz sur Tête de lecture.
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La Colombienne
Wojciech Chmielarz traduit du polonais par Erik Veaux
Agullo, 2019
ISBN : 979-10-95718-58-1 – 403 pages – 22 €
Przejęcie, parution en Pologne : 2014
Je vais donc d’abord continuer la série de Zygmunt Milosweski, parce que j’ai pris un peu de retard .. on verra plus tard pour ceux-là.
Dommage que ta lecture n’aie pas été plus enthousiasmante que ça. Je suis tout à fait novice en termes de polars, mais je me suis complètement laissé prendre par Il était une fois dans l’Est, qui va sortir chez Agullo le mois prochain. Si tu le lis, je serai curieuse d’avoir ton avis.
J’ai bien retrouvé le Kub, je découvre un peu de la Pologne à chaque fois.
Bonsoir Sandrine, j’avais trouvé l’intrigue de Pyromane prenante, l’intrigue très bien menée. Pour la ferme aux poupées, moins enthousiaste : une intrigue plus quelconque. Donc je ne suis pas pressée de lire La Colombienne. Bonne soirée.