Sorcier d’Empire de François Baranger

Sorcier d'empire

Avril 1815 : Napoléon est au sommet de son pouvoir, jamais il n’a été aussi puissant. Pensez donc, il a même conquis l’Angleterre ! Si cette version de l’Histoire n’est pas celle que nous enseignent les livres, c’est que nous somme avec Sorcier d’Empire dans une uchronie, napoléonienne donc.

Bonaparte est revenu d’Egypte avec dans ses bagages un certain Elégast, sorcier de son état. C’est grâce à lui que Napoléons vole de victoire en victoire dans toute l’Europe car Elégast, devenu sorcier d’Empire, fait déferler sur ses ennemis des forces obscures qu’il est le seul à maîtriser.

Ce que Napoléon n’a pas bien cerné c’est que cet Elégast ne roule pour lui que momentanément, ça ne va pas durer ce dévouement, il a bien l’intention de dominer le monde lui-même… Mais ce que lui Elégast, tout sorcier qu’il est, ne sait pas c’est qu’on complote dans l’ombre contre lui. Ils sont plusieurs à comploter, chacun à leur façon. Des officiers des Sentinelles intérieures, l’armée impériale, travaillent à éloigner le sorcier de l’Empereur qui selon eux n’a pas mesurer sa nocivité. En Russie, on œuvre en sous-sol à fabriquer une entité aussi puissante que malsaine et surtout incontrôlable.

Ethelinde Ordant n’a pas les pouvoirs d’un sorcier d’Empire ni même d’officiers mais elle est déterminée. Son père, historien et naturaliste, a disparu durant la campagne d’Egypte et elle veut savoir pourquoi. Elle est certaine qu’il a alors découvert quelque chose d’important et qu’on l’a assassiné pour ça. Sa route croise celle de Ludwig, mercenaire solitaire et chasseur de résurgion. Résurgions ? Ces sales bêtes sont des créatures flasques et molles qui s’extraient de bulles noires apparaissant sans prévenir n’importe où et engloutissant tout sur leurs passages. Ils ne sont pas invincibles mais les combattre expose à être marqué de taches noires indélébiles et à devenir ainsi un vile peau, un paria. Ludwig est marqué au visage même s’il est un chasseur hors pair. Il est même plus que ça : de mémoire d’homme (et de sorcier), il est le seul humain à être entré dans une bulle noire et à en être ressorti vivant. C’était pour sauver sa femme et sa fille, mais il a échoué. Alors il erre. Ses pouvoirs, que lui même ignore, déstabilisent le sorcier d’Empire…

Ethelinde est pourchassée par les gardes hermétiques d’Elégast sans que l’on sache pourquoi le sorcier la veut, morte ou vive. Hélade, un des gardes, la veut vivante pour exercer sur elle sa vengeance. Quand Ludwig la rencontre, elle est en fâcheuse posture. Il l’aide et ce faisant utilise une forme de magie qui ressemble fort à l’Art Obscur. Mais comment est-ce possible ? Seul le Sorcier d’Empire manie l’Art Obscur… Qui est Ludwig, cet homme qui a tout oublié de son enfance ?

Ce premier tome de Ars Obscura fourmille de personnages sur lesquels se focalise tout à tour la narration. Les deux principaux sont Ethelinde et Ludwig qu’on suit à travers leurs pérégrinations. Les autres complotent, font des choses qu’on ne comprend pas forcément, surtout du côté de la Russie où on tente de réveiller le Mal absolu endormi depuis un bail : ça va mal finir… Malgré tous ces fils narratifs (si vous n’êtes pas un lecteur rapide, un petit papier pour noter qui est qui peut s’avérer salutaire), on suit les diverses intrigues avec plaisir car François Baranger est un habile conteur. Tout est si mystérieux qu’on tourne les pages pour savoir qui veut quoi, qui est qui et qu’est-ce que c’est que cet Elégast. L’aspect historique n’est qu’un arrière-plan dans lequel l’auteur pioche quelques références qu’il habille de modernité. Ou plutôt d’une modernité imaginaire, un peu steampunk dans sa technologie (« parlant à distance », fusils électrogènes…). C’est aussi un plaisir de voir ce que l’auteur a fait de l’Europe napoléonienne grâce à son uchronie.

Autre plaisir, celui de repérer les clins d’oeil ou allusions littéraires. Par exemple, nos deux compères dans leur quête se retrouvent à la villa Diodati sur le lac Léman. A un an près, ils croisaient Lord Byron et Mary Shelley !

 

Ars Obscura tome 1 : Sorcier d’Empire

François Baranger
Denoël (Lunes d’encre), 2023
ISBN : 9782207165805 – 496 pages – 23 €

 

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2 commentaires sur “Sorcier d’Empire de François Baranger

  1. Napoléon est le héros numéro 1 des uchronies. Entre la conquête de l’Angleterre, celle des États Unis et sa victoire à Waterloo… c’est amusant de voir tout l’imaginaire qu’il charrie dans les roues de sa grande armée. En plus, c’est un phénomène très ancien, quasi de son vivant. Celle-ci a l’air plaisante à lire !

    1. Oui, d’ailleurs je crois que le tout premier ouvrage uchronique est dû à de très sérieux historiens qui imaginaient ce qui se serait passé si Napoléon… et la déclinaison est en effet presque infinie…

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