Le diable dans la ville blanche d’Erik Larson

Le diable dans la ville blanche d'Erik LarsonLes histoires de serial killer, j’aime ça. Surtout quand elles ne sont pas envahies de détails sordides et dégoulinants, de scènes de torture ou de démembrement. J’avais cette assurance avant de commencer ma lecture, me voilà donc partie pour plus de six cents pages de Chicago à la fin du XIXe siècle.

Ce livre n’est pas un roman, c’est un travail de journaliste, mais la construction et le suspens entretenu font qu’il se lit un peu comme un thriller. Un peu seulement. Parce que Erik Larson a choisi d’écrire en parallèle la mise en œuvre de l’Exposition universelle de 1893 et la vie de H.H. Holmes, tueur raffiné et chicagoan d’adoption.

Un chapitre sur deux est consacré à l’Expo dans ses moindre détails. Absolument rien n’est épargné au lecteur, du nombre de boulons à la façon de mesurer la capacité de charge du sol de Jackson Park en passant par les tractations financières et les multiples aléas qui ont entravé la réalisation du projet. Autant le dire : j’ai sauté un bon nombre de pages. C’est certainement très instructif pour des lecteurs versés dans ce domaine, mais les grandes lignes m’auraient largement suffi.

Alors bien sûr, on imagine très bien le défi extraordinaire que fut cette exposition, le talent des entrepreneurs et architectes, l’implication des politiques locaux et du pays tout entier, la gloire qui en naquit. C’est l’Amérique industrieuse triomphante, celle qui vient à bout de tous les challenges et des difficultés grâce à ses grands hommes, au premier rang desquels ici Burnham, le deus ex machina qui fit jaillir des marais de Chicago une magnifique ville entièrement blanche. Pour qui s’intéresse au développement des grandes villes américaines, ce livre est une mine d’informations.

Les chapitres consacrés au « bon docteur » Holmes m’ont beaucoup plus intéressée. C’est un tueur charmant, affable, aimable, beau : le gendre, le père et le mari idéal. Il ne s’est d’ailleurs pas privé d’avoir plusieurs femmes à la fois, d’utiliser son charisme pour amadouer ses nombreux créanciers et de profiter de l’agitation ambiante pour faire disparaître des femmes dont personne ne se souciait. Ce type est un tueur froid, le crime n’est pas inscrit sur son front, au contraire, il inspire confiance dès le premier regard. Un être machiavélique, dont les intentions ne sont pas expliquées ici, car le texte reste très descriptif, sans interprétation. C’est d’ailleurs aussi ce qui m’a manqué : une part d’analyse psychologique de Holmes et du tueur en série au XIXe siècle.

La 4e de couverture précise que ce livre va être adapté au cinéma. J’imagine qu’il sera beaucoup plus centré sur le tueur et l’enquête (l’inspecteur n’apparait en fait qu’à la toute fin du livre) et que dans cette ambiance laborieuse de fièvre et de crasse, ça pourra être très fort esthétiquement.

Le diable dans la ville blanche

Erik Larson traduit de l’anglais par Hubert Tézenas
Le Cherche Midi, 2011
ISBN : 978-2-7491-1708-9 – 644 pages – 22 €

The Devil in the White City, parution aux Etats-Unis : 2003

35 commentaires sur “Le diable dans la ville blanche d’Erik Larson

  1. Je ne suis pas friande non plus de détails sanglants, et, qui sait, peut être aimerais le détail des boulons? ^_^

  2. Ce Larson n’a sans doute rien à voir avec l’auteur de Millenium, mais pourquoi pas?
    L’expo Universelle est sans doute un bon arrière plan pour une enquête, un serial killer c’est toujours intéressant, à voir…

  3. Les plus de 600 pages auraient tendance à m’arrêter, même en en sautant quelques unes… C’est plutôt une bonne nouvelle, je ne note rien ce matin !

  4. C’est bizarre parce que j’ai lu une histoire qui se passait pendant une exposition universelle à Chicago (sûrement celle-là !) mais je n’arrive pas à recaler … je crois que c’était dans une BD mais à part ça, c’est le blanc le plus total dans mon petit cerveau ! mdr !!! Et malgré les bémols, je note car cela m’a l’air assez fascinant, comme roman !

  5. j’aime l’hémoglobine mais surtout, je suis passionnée par les expos universelles (oui, je veux même savoir le nombre de boulons !) ! Il me faut ce livre tout de suite et si mon libraire ne l’a pas ce soir, je ne sais pas ce que je vais faire !

  6. Je l’ai commencé mais j’avoue qu’avec le mois kiltissime j’ai renoncé car je n’arrive déjà pas à écrire mes billets écossais 🙂 J’en parlerai du coup en juillet… j’ai bien aimé le début, même si j’étais « rentrée » plus vite dans ma dernière lecture des éditions Néo (« le diable danse à bleeding heart square », qui se lit comme un rien et m’a complètement captivée même si ce n’est pas non plus le Pulitzer de l’année^^).

  7. Comme tu as zappé les parties techniques, celles concernant le nombre de boulons nécessaires à la construction de l’exposition universelle, on n’en connaîtra jamais le nombre exact ;-D C’est ballot ! Par contre, la partie concernant le serial killer m’intéresse beaucoup moi aussi … Je retiens le titre que je n’ai pas encore remarqué en librairie.

  8. le synopsis me fait penser à « mr brooks » avec Kevin Costner… Un genre de docteur jekyll et mister Hyde moderne…En tout cas, ce livre est pour moi (après le 21 septembre ! summer challenge oblige !) car j’aime Chicago, l’architecture de dette ville, et l’histoire (oui, quand même !) Je le note. Très belles photos aussi.

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