
Ces messieurs de Paris ont décidé de construire un phare sur Ar-Men, un caillou au large de l’île de Sein qui n’affleure que rarement. C’est parce qu’ils n’y connaissent rien ni à la mer ni à la chaussée de Sein. Les Sénans eux savent bien que c’est impossible. Mais ce que sait l’Administration, c’est que ce projet ne se fera pas sans eux. Il va donc falloir convaincre…
Alain Le Gonidec est partant tout de suite, mais il est le seul. Les vieux Sénans considèrent que l’île leur appartient et que l’Administration n’a pas à y planter un phare. Le jeune Alain est donc en butte à l’hostilité des îliens. Il est sanctionné parce qu’il s’oppose à Matthieu, son patron, qui est aussi le père de la douce Louise, sa promise. L’entêtement d’Alain pour le phare lui nuit beaucoup : il perd son travail et sa belle et ne convainc en rien les autres marins. Il doit apprendre à obéir.
La lutte est âpre et les pourparlers ne servent à rien. Ce qui finira par convaincre les Sénans, c’est le courage de l’ingénieur Joly qui parvient seul à rester quinze minutes sur Ar-Men… on n’avait jamais vu ça…
Alors les Sénans rivalisent de courage et vont planter des organeaux, creuser des trous, gâcher du ciment, monter une base de pierre puis la fameuse tour. De 1867 à 1881, le phare d’Ar-Men monte très doucement, au gré de la mer qui parfois, rarement, permet un accostage.
Plongée dans l’histoire du phare d’Ar-Men, j’avais hâte de découvrir ce roman qui fait référence sur le sujet. Malheureusement, Un Feu s’allume sur la mer tire en longueur. Bien sûr, la construction elle aussi a été longue et laborieuse, à raison parfois de quelques dizaines d’heures de travail par an. Le roman aurait pu pourtant être plus dynamique.
Peut-être pour donner du rythme à la narration et de l’épaisseur au personnage, Henri Queffélec raconte également l’histoire d’amour entre Louise et Alain. Qui s’aiment mais se compliquent la vie à cause des convenances, des traditions, de l’obéissance. Ce sont des mœurs d’un autre temps qui sont proposées sans profondeur ni analyse. On a donc du mal à comprendre ces deux personnages qui se marient chacun de leur côté alors qu’à l’évidence ils s’aiment. N’étant pas une inconditionnelle des histoires d’amour, je me serais volontiers passé de celle-ci.
J’aurais aimé mieux percevoir la vie des Sénans, rudes marins s’il en est. Le roman est très factuel. Il rapporte des dialogues, décrit des réunions mais peu la vie quotidienne ou les rapports humains. Les gens interagissent mais leurs comportements d’un autre temps n’est plus que très peu compréhensible. On saisit donc mal ce qui les anime. On comprend les motivations des hommes de l’Administration ainsi que celles d’Alain, mais les autres restent trop flous pour qu’on les appréhende.
Publié en 1956, Un Feu s’allume sur la mer fait date sans doute sur le sujet mais il date aussi dans son écriture.
Un Feu s’allume sur la mer
Henri Queffélec
Pocket, 2021 (édition originale : 1956)
ISBN : 978-2-266-31804-4 – 409 pages – 8 €
Et oui certaines écritures datent c’est dommage, le temps qui passe fait un tri impitoyable parmi les romans.
C’est une sorte de sélection naturelle…
Dommage, le sujet m’aurait tentée, mais les longueurs et le fait que comme toi, les histoires d’amour, bof, je passe…
C’est un phare qui se visite ?
Non : il est toujours aussi inabordable. Les gardiens étaient hélitreuillés !
L’auteur est le papa de Yann Queffélec ?
Oui, tout à fait.
dommage en effet, certains se démodent plus que d’autres!
oui, c’est aussi une façon de faire un tri.