
Et si l’humanité régressait ? Telle est l’hypothèse posée par le journaliste scientifique Xavier Müller, intéressante car riche en questionnements de toutes sortes, mais globalement mal exploitée.
Le lecteur peut être attiré par la couverture, par ce visage mi-homme mi-singe au regard profond : qu’y a-t-il derrière ces yeux-là ? Problème de graphisme cependant, les palmiers en toile de fond semblent jaillir des oreilles de cet erectus, c’est étrange et même un peu ridicule.
Cependant intrigué, le lecteur peut lire la quatrième de couverture, malheureusement. Qu’y lit-on ? A Richard Bay, en Afrique du Sud, c’est le choc. Un homme s’est métamorphosé. Il arbore des mâchoires proéminentes, est couvert de poils, ne parle plus. Oui mais. Cet homme devenu erectus n’apparaît qu’à la page 138 et avant ça, c’est un brin long vu que le lecteur sait ce qui va arriver grâce à la quatrième de couv’. Narrativement, c’est une erreur car le suspens des 138 premières pages est tué dans l’oeuf. Même s’il est évidemment intéressant de savoir pourquoi et comment un tel phénomène régressif est possible, Xavier Müller y consacre beaucoup trop de pages. D’autant plus que l’accident déclencheur a un goût de déjà vu et revu.
Alors que des scientifiques fuient le laboratoire ultra secret dans lequel ils travaillent, un gardien par ailleurs revendeur d’animaux exotiques y pénètre en quête d’un butin. Il laisse alors s’échapper un virus très virulent, plus tard baptisé le Kruger à l’origine de la régression de notre humanité homo sapiens en erectus. Tout va aller très vite puisque tout le règne animal est atteint, ainsi que les végétaux.
On s’inquiète en hauts lieux, notamment à l’OMS. On cherche un scientifique capable d’avoir un avis pertinent sur la question. Il ne s’en trouve qu’une seule, Anna Meunier, belle comme le jour et seule contre tous. Depuis des années, elle se bat pour prouver à la communauté scientifique que certains animaux ont pu régresser mais elle en a été bannie et fait figure de folle. Bref, c’est l’héroïne idéale, la femme de la situation, la paria qui prend sa revanche. Rien d’original donc, cette Anna Meunier est un personnage attendu dont on peut prévoir les réactions. Et comme elle est le seul personnage vraiment développé d’Erectus, on se fait rapidement un jugement sur les autres.
La panique devenant mondiale, il faut en urgence statuer sur le sort des victimes du virus : sont-elles encore des êtres humains ? Doit-on les traiter comme tels ? Les enfermer, les soigner ? La question est celle des limites de l’humanité, celle-là même que peut soulever le transhumanisme à l’autre bout de l’évolution : qu’est-ce qui fait qu’on est ou pas un être humain ? Xavier Müller passe malheureusement rapidement sur ces interrogations pour privilégier l’action et les rebondissements.
J’ai lu ce livre et publié ma chronique sur un autre blog en janvier 2019. Depuis deux autres tomes ont paru et surtout, une pandémie mondiale est passée par là. Ce qui donne une autre dimension à ce roman, (sans pour autant en corriger les défauts) et prouve une fois encore que les écrivains de science-fiction sont souvent visionnaires. Espérons que nous ne régresserons jamais…
Xavier Müller étant Lannionais (nous sommes donc voisins), je reviens sur cette série et vais tenter le deuxième tome dans l’année.
Erectus
Xavier Müller
XO, 2018
ISBN : 978-2-84563-617-0 – 429 pages – 19,90€
Ce livre m’a déçue parce que l’idée de base, un virus qui nous ferait remonter à nos origines millénaires est farfelue mais admettons, la suite de l’histoire est malheureusement prévisible et même la question que tu soulèves sur l’humanité de l’homme atteint d’une maladie n’est pas réellement une question.
Et on a vu plus farfelue comme idée en SF 😉 Je vais quand même essayer la suite parce que ce farfelu me tente bien.
Bien sûr que les auteurs de SF sont bourrés ‘idées et parfois visionnaires. Dommage que le livre soit un peu raté, en tout cas desservi par la 4ème de couv. On reverra ce lanionnais! ^_^
Je suis bien d’accord : les auteurs de SF et très souvent aussi les romanciers sont visionnaires de l’avenir (mais aussit du passé). La première de couv de l’audio me tente moyen. L’histoire un peu plus !
Zut, le sujet semblait quand même séduisant !
C’est un bon résumé 🙂
Je l’avais repéré à sa sortie, on en parlait pas mal et le sujet me parlait. Je l’ai un peu oublié depuis, mais visiblement, ce n’est pas incontournable.
Pas pour l’instant. On verra avec la suite.