Un père à soi d’Armel Job

J’ai lu avec grand plaisir plusieurs romans de cet auteur belge qui construit si bien le suspens psychologique. J’ai beaucoup aimé ses premiers romans, mais la lecture de Une femme que j’aimais en 2018 ne m’avait pas autant réjouie que les autres. J’ai donc laissé passer un peu de temps avant de retrouver l’envie de lire Armel Job.

Un père à soi est un roman à deux voix : celles d’Alban et de Virginie. Alban dirige avec sa femme Lydie une entreprise de jardins. Ils ont deux enfants grands adolescents. Un mariage sans histoire ni accrocs, un peu plan plan. Il reçoit un jour le coup de fil d’une jeune femme inconnue, Virginie : elle veut le rencontrer, hors cadre professionnel. Virginie délivre à Alban les dernières paroles d’une certaine Michelle, morte récemment dans l’établissement où la jeune femme travaille : toute sa vie Michelle n’a aimé que lui. Un peu troublé car il n’a jamais connu de Michelle, Alban comprend de qui il s’agit car Virginie lui remet des photos. Parmi elles se trouve, sans doute par erreur, celle d’une petite fille.

Virginie prend ensuite la parole pour raconter sa version de l’histoire. Enfin, un aspect de cette version. Car, et c’est un des problèmes du roman, Virginie comme Alban ne disent pas tout. Quand Alban raconte son passé, non seulement il omet mais il déforme. Omettre un élément important qui sera révélé ensuite au lecteur est un procédé classique du suspens mais c’est aussi un procédé très facile dont Armel Job abuse ici.

Ensuite, j’estime que l’intrigue est courue d’avance. Avec le titre et les deux protagonistes, le lecteur sait d’emblée dans quelle direction se tourne l’intrigue. Je n’ai pas besoin, pour soutenir mon attention, qu’un rebondissement succède à une révélation. Connaître la fin d’un roman, soit par déduction en cours de lecture, soit parce que l’auteur la révèle, n’est pas un problème non plus si l’intérêt se reporte sur les personnages. Mais là, ils sont quasi sans surprise. La seule action surprenante d’Alban est si éloignée de ce qu’on sait de son caractère qu’elle en devient peu crédible. Idem pour les révélations : l’épisode du test ADN par exemple est tellement bateau que j’en avais deviné le déroulement.

Pas de suspens, pas de finesse psychologique : je suis déçue. J’aimerais retrouver l’Armel Job des débuts.

Armel Job sur Tête de lecture

 

Un père à soi

Armel Job
Robert Laffont, 2022
ISBN : 978-2-221-25958-0 – 298 pages – 20 €

 

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16 commentaires sur “Un père à soi d’Armel Job

  1. c’est donc un auteur vers qui je n’irai pas , sauf peut-être pour le premier. Encore que … le suspens n’est pas du tout pour moi un ressort important ce que j’aime ce sont les ambiances.

    1. Je me rends compte que mon premier commentaire n’est pas clair. Je n’ai pas lu le livre. J’hésitais à le mettre dans ma liste d’envies mais tu m’en as dissuadée.

  2. Je n’ai lu qu’un roman d’Armel Job, avec plaisir mais sans grand souvenir. C’est la semaine des déceptions : je viens de lire le second roman policier de G.Bulteau (  » Le grand soir  » ), il m’a bien moins enthousiasmée que La République des faibles, surfant avec facilité sur le féminisme.

    1. Le féminisme étant dans l’air du temps, c’est bien de montrer qu’on en est… mais quand ces messieurs s’y mettent, c’est souvent démonstratif et donc lourdingue. Dommage pour Bulteau, j’ai moi aussi apprécié son précédent roman.

  3. Ben, je passe sans aucune regret n’ayant jamais entendu parler de l’auteur. Mais comme tu as aimé ses premiers romans, je note quand même son nom. Et si tu as un titre en tête ?

  4. Comme toi, j’avais beaucoup aimé ses premiers romans: Tu ne jugeras point, En son absence, Loin des mosquées( que je te conseille). Et ce n’est pas la première fois que je lis que ses derniers romans sont moins intéressants. Tu confirmes donc. C’est dommage parce que cet auteur a écrit de bons livres, à ses débuts semble-t-il, comme tu le soulignes.

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